Né à Versailles en 1912 mais originaire de Sériers dans le Cantal, Jacques Dubois, contemporain de Doisneau et Cartier-Bresson restera pourtant un photographe méconnu du grand public.
Il entre en 1931 à l’école nationale des arts décoratifs dans laquelle il apprend le métier de graphiste qui restera son activité principale.
1934, découvre la photographie, élève de Maurice Tabard (qui est l’ami de Kertesz, Brassaï et Man-Ray), il exposera à la galerie la Pléïade en compagnie de Kertesz entre autres.
Artiste complet, il excelle aussi bien dans la photo, que dans le graphisme et la peinture.
Au contraire de Doisneau, son ami, il est avec les gens qu’il photographie, sans complaisance ni concession :
« C‘est une Auvergne franche qu’il donne à voir « (F. Graveline).
« Je suis heureux de pouvoir rendre hommage à une œuvre photographique singulière, celle de Jacques Dubois. J’ai connu Jacques Dubois, il y a très longtemps, en fait, c’est lui qui m’a connu le premier ; je garde de lui, encore ébloui, une photo qu’il a faite de mon frère et de moi quand j’avais cinq ans. Je crois bien qu’il a accompagné ma vie, il a photographié mon père, ma mère, parce que c’était un magnifique accompagnateur de la vie des autres ; il photographiait avec amour les rues de Paris avant et après la guerre, les paysages et les habitants de l’Aubrac ou de la Bretagne […]. Le regard de Jacques s’est porté sur toute la vie qui l’entourait, attentif et généreux. Merci à Jacques Dubois, trop discret et si talentueux. » (Patrice Chéreau).
« Nulle frénésie, nulle stridence. Au contraire: l’humble attention au monde, l’écoute solitaire du visible.
Une table, un baquet, un seau, un drap mis à sécher, des fruits, un couteau, un bol, quelques bouteilles épaule contre épaule: le quotidien de la vie sans orgueil » selon Jerôme Serri.
Ils réaliseront d’ailleurs ensemble le fameux livre « Les Auvergnats ».
En 1946, les éditions de Chêne lui commanderont un livre sur l’église de Saint Nectaire.
D’un tempérament discret, cette propension à la sobriété transparaît dans ses oeuvres, dans lesquelles on peut « sentir » l’exigence de la composition si chère à Cartier-Bresson.
« J’ai gardé naturellement le plus vif souvenir de mes rencontres avec Jacques Dubois et de la collaboration qui nous a réunis à deux reprises. La qualité de ses photos m’avait frappé et je retrouve toujours avec plaisir les deux albums consacrés à l’Aubrac et à la Bretagne parce qu’ils comportent de superbes images et parce que des affinités électives pour ces deux régions chez le photographe comme chez l’auteur se trouvent en jeu. Son art se développait sur un champ plus large que la photographie, mais j’y retrouve les mêmes qualités, habité par un œil et par une sensibilité en éveil. » (Julien Gracq).
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